Une chevalière est une bague à large plateau, masculine généralement, sur lequel est habituellement gravé un blason, des initiales, une figure ou bien un logo. Par extension, les grosses bagues serties d’une grosse pierre centrale sont aussi appelées chevalières.
Tout le monde sait à peu près à quoi ressemble une chevalière, cependant peu de gens connaissent ses origines et la fonction des chevalières aux prémices de la civilisation.
Chevalière : des origines millénaires
Si de nos jours la chevalière est un simple bijou d’apparat, pouvant avoir une fonction sociale dans certains cas, il en était tout autrement par le passé. Pour comprendre d’où provient la chevalière il faut remonter aux origines de la civilisation.
Il y a 7000 ans, en mésopotamie (l’Irak actuelle) émerge la première civilisation connue, elle est a l’origine de l’État, de la ville, des institutions et de l’administration. Les premières tablettes d’argile faisant preuve d’une activité administrative ou de comptabilité nous proviennent de cette civilisation mésopotamienne.
Avec l’administration, se développent les règlements, les lois et les actes administatifs qui requierent des signatures afin d’identifier les personnes et l’autorité de l’état. Non, je ne vous parlerai pas de cryptographie mais de sceaux, qui étaient l’unique manière d’identifier une personne ou bien une fonction administrative durant l’antiquité, l’équivalent de notre signature manuscrite.
Les actes administratifs étaient écris sur des tablettes d’argiles qui était marquées par des sceaux (de l’autorité ou bien d’une personne) afin d’en signifier la valeur légale. Ces sceaux étaient à l’origine des cylindres de pierres gravés et qui une fois roulés sur l’argile laissaient une empreinte rectangulaire unique à la pierre. Ces derniers étaient généralement perforés au centre afin d’y faire passer un cordon et de pouvoir les porter au cou, comme un pendentif.
La création de ces sceaux en pierre est lié à l’apparition de la glyptique qui est l’art de graver des pierres fines en creux (intaille) ou bien en relief (camée). Ce qui est un art pour nous aujourd’hui, rempli une fonction administrative à cette époque.
Au fil du temps les techniques s’améliorent, la gravure devient plus fine et les pierres plus petites, permettant de les monter sur des bagues, facilitant ainsi le port des sceaux qui conservent toute leur utilité, tout en devenant un bijou d’adornement.
La civilisation Mésopotamienne étant la première, elle influence la future civilisation Égyptienne qui reprend l’art de la glyptique en l’adaptant à sa culture et mythologie. On a donc retrouvé des bagues égyptiennes de type intaille avec des gravures de scarabés, d’oeil d’Horus ou bien de hiéroglyphes. Ces bagues sont portées comme des amulettes de protection, représentant un dieu protecteur ou bien une prière.
À son tour, la civilisation Égyptienne va influencer la Grèce antique qui elle même influencera l’empire romain qui répandra l’art de la glyptique dans toute l’europe antique.
Le renouveau du Moyen Âge
L’utilisation des chevalières tombe en désuétude avec la chute de l’Empire Romain en l’an 476, puis revient « à la mode » vers le XXII° siècle en Europe avec l’apparition de la chevalerie. Cette classe sociale guerrière se hiérarchise et se codifie.
Apparaissent les armoiries de familles chevaleresques qui sont transposées aux biens et bâtiments (sous forme de peintures ou gravures) et deviennent peu à peu un signe d’identification juridique. Les armoiries sont gravées sur des bagues: les chevalières qui sont utilisées comme sceau afin de marquer les documents légaux papier et les correspondances avec de la cire, raison pour laquelle ces bagues sont aussi appellées anneaux sigilaires, du latin Sigilum qui veut dire « sceau ».
Une fois encore, la chevalière est un outil d’identification de son porteur ayant une fonction d’identification sociale ou administrative.
Ce sont ces chevalières héraldiques qui sont les ancêtres de nos chevalières modernes.
Les chevalières de nos jours
Au fil des siècles, la chevalière s’est démocratisé et il n’est plus nécessaire d’être l’héritier d’une famille noble ou de posséder des armes de famille pour faire faire sa chevalière sur-mesure.
S’il existe toujours en France la tradition de faire graver une chevalière héraldique en argent, or ou bien sur pierre, la plupart des chevalières fabriquées sont désormais des bagues masculines personnalisées n’ayant plus rien à voir avec les armoiries et la réalisation de cachets en cire.
La chevalière moderne est sobre ou bien complexe selon les goûts uniques de son porteur qui personnalise sa bague d’une pierre ou bien de ses initiales gravées en relief, en creux ou bien sur une pierre.
N’importe qui peut désormais créer son propre design de chevalière en étant libre de choisir la forme du plateau de bague, les dimensions, les matériaux (or, argent, platine ou pierre).
Les outils modernes permettent de nos jours de disposer de différents types de gravure:
• Gravure laser sur métal ou sur pierre
• Gravure sur pierre à la pointe diamant
• Gravure en creux traditionnelle artisanale
• Moulure en relief
L’outil de design CAO permet surtout d’obtenir un rendu visuel très réaliste avant même d’avoir débuté la fabrication de la chevalière, si bien que chacun peut fabriquer en temps réel avec son bijoutier le design de bague sigilaire qui lui plaît, comme le monte cet exemple avec le logo à gauche, la maquette numérique au centre et la chevalière finalisée à droite (source atelier vivalatina).